Hippolyte
- mamakos-creations
- 8 nov.
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Hippolyte MAURY (°1863 +1950 – sosa 18)
Albanie GINESTY (°1870 +1952 – sosa 19)
Loulayrou (Viala-du-Tarn)
Loulayrou, ce 18 avril 1950 Ma chère fille, Je suis au regret de t’annoncer le décès de papa. Viens vite. Je t’embrasse, Maman Albanie
Hippolyte MAURY décède au Viala-du-Tarn en avril 1950. Il est âgé de 86 ans et a toujours vécu dans cette commune, dans le hameau de Loulayrou [1].
Loulayrou, à 700 mètres d’altitude, se niche sur les contreforts du plateau du Lévézou.
Hippolyte est né le 4 mai 1863, à Loulayrou, fils de Justin MAURY et de Virginie MALAVAL.
De manière très originale (non), Justin est cultivateur, originaire du village de Poulguières, de l’autre côté de la commune du Viala-du-Tarn. Virginie est native de Candadès (commune voisine de Montjaux, que l'on retrouvera le 11 novembre).
Le jeune couple s’installe après son mariage, en 1860, dans une ferme de Loulayrou.
Loulayrou compte cinq foyers entre 1876 et 1896. Les familles MAURY, ROUQUET, FABRE et GAUBERT [2] vivent de l’exploitation de brebis laitières, certainement pour Roquefort.
Ainsi, les recensements indiquent que les familles emploient régulièrement de jeunes bergers et bergères pour veiller sur les troupeaux :




Le hasard fait que j’écris cet article tout en écoutant l'émission Le Cours de l'histoire sur France culture ; et l’épisode intitulé « Au coin du feu, histoires de foyers médiévaux » résonne particulièrement avec la vie d’Hippolyte.
Voici ce que nous explique Juliette Dumasy [3] :
« Le chef de feu a tout pouvoir sur la famille. On est vraiment dans le patriarcat. C’est très frappant dans cette région du Rouergue à la fin du Moyen Âge, puisque les chefs de feu vont transmettre leurs biens à un seul fils. C’est un mode successoral qui est adopté à ce moment-là, qui est particulier à cette région, mais qu’on retrouve souvent dans les régions de montagne, les régions un peu reculées. On transmet l’ensemble des biens à un fils pour permettre à la famille, au feu, de survivre à la succession des générations et à la mort des chefs de feu. […] Si au moment de la succession, on partage les biens du feu entre autant de fils – les filles ayant une autre destinée, le mariage –, il n’y a pas de survie possible. Donc on préfère garder ce feu intègre, avec tous ses biens, ses terres […] et ça donne ce qu’on appelle les familles souches. Ce sont des feux qui vont perdurer sur des générations et des générations. Je raconte souvent l’anecdote que, quand je faisais ma thèse, j’allais me promener dans les petits hameaux du Rouergue, et sur les boîtes aux lettres je voyais les noms de mes paysans du XVe siècle. Ç’a été une réussite, cette stratégie successorale ! » [4]
Nous ne sommes certes plus au Moyen Âge mais dans la seconde moitié du XIXe siècle, on constate que la tradition se perpétue. Ainsi, Justin, le père d’Hippolyte a quitté la ferme de son père, aux Poulguières, lorsqu’il s’est marié – c’est son frère aîné André qui en a repris les rênes. Puis, en tant que fils aîné de Justin, c'est Hippolyte qui reprend la ferme de Loulayrou.
Hippolyte épouse Albanie Marie Palmyre GINESTY en juin 1896.
En 1901, son foyer abrite 10 personnes et regroupe 3 générations : les parents Hippolyte et Albanie, leurs deux filles aînées (Marie et Noélie), le grand-père Justin, deux des frères non mariés d'Hippolyte (André et Prosper), sa sœur cadette Lucie, un grand-oncle maternel non marié (Julien MALAVAL) et un berger, Ernest LACOMBE (15 ans) :
Hippolyte et Albanie marient leurs trois filles dans les années 1920. L’aînée, Marie, épouse Prosper GAUBERT. Marie et Prosper sont les arrière-grands-parents de mon conjoint.
Les cadettes épousent deux frères : Marius et Justin MAURY.
Encore des MAURY, me direz vous ! Eh oui ! Et des cousins, de surcroît !
Les sœurs MAURY cousinent avec les frères MAURY par leur arrière-arrière-grand-père paternel Antoine MAURY :



NOTES
[1] Le Viala-du-Tarn est classé comme « commune rurale à habitat très dispersé » – comme à peu près toutes les communes que l’on visite au cours de ce challenge… La commune fait partie du Parc naturel régional des Grands Causses. Voir l’article Viala-du-Tarn sur Wikipédia (consulté le 2 novembre 2025).
[2] Autant de noms que l’on croise régulièrement dans la généalogie de mon mari…
[3] Juliette Demasy a fait sa thèse sur Le feu et le lieu : la baronnie de Severac-le-Château à la fin du Moyen Âge. Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, 2008.
[4] Juliette Dumasy, dans Le Cours de l’histoire, « Au coin du feu, histoires de foyers médiévaux », émission du 14 octobre 2025, accessible à l’adresse https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/le-cours-de-l-histoire/au-coin-du-feu-histoires-de-foyers-medievaux-7938346 [consulté le 2 novembre 2025].











Je suis toujours impressionnée de voir à quel point certaines transmissions sont fortes à travers les siècles, avec une incidence encore de nos jours - parfois sans même qu'on se rende compte que ça vient de si loin !
Des Maury, des Maurin ... J'en ai plein mon arbre ! Mais plus en Lozère sur le Méjean ou vers Meyrueis !
Je comprends parfaitement l'intérêt économique de ce mode de transmission des héritages, mais ça me fait quand-même toujours drôle...