Engeltje GUNST (°1774 +1811) sosa 241
Branche van der WELLE, 8e génération
Mon Challenge AZ 2024 a pour thème la mortalité maternelle au XIXe siècle dans mon arbre.
Un article d'introduction, 24 portraits de femmes mortes d'avoir donné la vie, et une infographie sont au programme.
L’enfance de Engeltje
Zélande, XVIIIe siècle : puissante province des Provinces-Unies dont la fortune est essentiellement fondée sur le commerce maritime international. Middelbourg, sa capitale et siège de la Compagnie néerlandaise des Indes orientales, a longtemps été le plus grand port du pays.
Dans les années 1770, lorsque notre histoire débute, la Zélande est cependant en train de perdre de sa puissance.
Zoomons encore un peu : voici la petite ville portuaire de Sint-Annaland, à mi-chemin entre Middelbourg et Rotterdam. Ici, c’est le secteur agraire qui est florissant. La culture de la garance[1], notamment, attire chaque année d’avril à septembre des centaines de
travailleurs agricoles, venus avec toute leur famille pour faire la saison.
En ce dimanche 27 mars 1774, en l’église de Sint-Annaland, les familles GUNST, WISSE et de RIEL sont réunies pour le baptême de la petite Engeltje [2].
Engeltje est la fille aînée de Cornelis GUNST, winkelier (boutiquier), et de Adriana WISSE. Ses parents se sont maris l’année précédente ; son père avait alors presque 21 ans, et sa mère presque 22.
Ses parrain et marraine sont ses grand-oncle et grand-tante paternels, Jacobus et Cornelia van RIEL. Jacobus est diacre de la paroisse [3].
Deux ans plus tard, la famille s'agrandit avec la naissance d'un petit Jan.
La suite de l’histoire se révèle moins heureuse : Cornelis GUNST décède brutalement en janvier 1777 ; il avait 24 ans.
Les tuteurs des deux jeunes enfants sont Johannis GUNST (oncle de Cornelis) et Johannis HAGE (beau-père de Adriana).
Ces informations figurent dans un acte notarié daté du 14 novembre 1777, enregistré une semaine avant le mariage de Adriana avec Willem van MOORT, un forgeron, et qui n’est autre qu’un cousin de son premier mari.
Adriana et Willem ont 5 enfants, dont 4 meurent dans la petite enfance :
Cornelis (°1779) ;
Jacob (°1780 +1782 ou 1784) ;
Johannes (°1782 +1782 ou 1784) ;
Jan (°1785 +1785) ;
Adriana (°1789 +1789), prénommée en l’honneur de sa mère, morte en la mettant au monde, le 14 juillet 1789.
Le 26 juillet, baptisé une fille, nommée Adriana Père, Willem van Moord. La mère, Adriana Wisse, est morte en couches. Témoins Cornelis van Moord, Anna Isaäk Verhage. Née le 14 juillet
Lors de son décès, Adriana WISSE est âgée de 39 ans.
Engeltje a alors 15 ans ; en l’espace de quelques années seulement, elle a enterré son père, presque tou ses adelphes, ainsi que sa mère.
La vie adulte de Engeltje
Nous retrouvons Engeltje le 23 septembre 1795.
La Zélande est, depuis un an, passée sous contrôle des Français : c’est le début de la période française, qui durera jusqu’en 1814.
Mais les préoccupations de Engeltje sont ce jour-là bien éloignées de ces considérations politiques : à 21 ans, elle épouse Abraham van der WELLE, un dagloner (travailleur journalier) de 11 ans son aîné – et mon ancêtres.
Abraham est le 2e enfant d’une adelphie qui en compte 8. Parmi les travaux agricoles qu’il a probablement effectués, le travail dans la culture de la garance figure en bonne place, assurant à la famille sa subsistance au moins 6 mois de l’année.
Engeltje est déjà enceinte au moment de la noce et, 5 petits mois plus tard, naît Jan (mon ancêtre). Les parrain et marraine du petit garçon sont son oncle Matthijs van der WELLE et sa grand-mère Lucretia HAGE.
Très vite, la famille déménage à Stad aan ‘t Haringvliet, sur l’île de Goeree-Overflakkee, province de Hollande-Méridionale. Peut-être Abraham a-t-il eu vent de la création de la ferme de garance Meestoof et y a-t-il vu de nouvelles opportunités.
Pendant leur séjour à Stad aan 't Haringvliet, la famille s'agrandit avec les naissances de :
Cornelis (°1798), dont le parrain est le grand-père maternel par alliance Willem van MOORD ;
Lucretia (°1801), dont la marraine est Lucretia HAGE ;
Willem (°1802).
Vers 1803, Abraham, Engeltje et leurs quatre enfants s'installent à Terneuzen. C'est un retour dans la province de Zélande, et, surtout, l'occasion pour Abraham de fonder sa propre ferme de garance : la Meestoof De Hoop (L'espoir)[4].
C'est à Terneuzen, donc, que naît Maathijs, en 1804.
Le 19 février 1811, à 11 heures du matin, Abraham se rend à la maison commune déclarer la naissance de son dernier-né, Adriaan, né la veille à 6 heures du soir :
Dix jours plus tard, Abraham doit se rendre à nouveau à la maison commune. Pour déclarer le décès de sa femme Engeltje, cette fois.
Est-ce le même jour qu’il fait modifier le prénom de son dernier-né ? La mention marginale n’est pas datée — toujours est-il que le petit garçon se prénomme désormais Adriaan Engel, en l’honneur de sa grand-mère maternelle et de sa mère.
En juillet 1812, le petit Adriaan Engel meurt à son tour.
En mai 1813, Abraham van der WELLE épouse en secondes noces une veuve, Leuntje van ALTEN. Les épous sont respectivement âgs de 50 et 48 ans. Au moment de leur mariage, Leuntje tient une boutique, peut-être héritée de son premier mari, décédé l’année précédente.
La descendance de Engeltje GUNST
Son fils aîné Jan, mon ancêtre, a épousé en 1818 Adriana Elisabeth SOETERS. Jan est garancier à Sint Annaland ; le couple aura deux enfants.
Cornelis, batelier de son état, a épousé en 1821 Sara van der WIELE, de 17 ans son aînée. Le couple n’aura pas d’enfants ; Cornelis meurt en 1825, âgé de seulement 27 ans.
Lucretia a épousé en 1820 Anthoni HARTE. Le couple est batelier et aura 3 enfants entre 1820 et 1824. Une maladie emporte Lucretia et deux de ses enfants en l’espace de 15 jours, en janvier 1826.
Willem s’est marié une première fois en 1822 avec Maria de ZEEUW. Le couple a 3 enfants et vit sur la ferme de garance. En octobre 1826, une maladie emporte trois membres de la famille en l’espace de quelques jours : Maria ainsi que les deux plus jeunes enfants. Willem se remarie l’année suivante avec Jacomijntje VERLINDE. Le couple a 12 enfants entre 1828 et 1844, dont 5 seulement atteignent l’âge adulte.
Matthijs épouse Jacoba Leuntje KORTHALS en 1825. Il est fabricant de mâts. Le couple a 9 enfants entre 1826 et 1840. 3 d’entre eux meurent très jeunes. Et, en 1841, une maladie emporte Jacomijntje et leur plus jeune fille, Sara Jacoba. Seul avec 5 enfants de moins de 15 ans, Matthijs se remarie en 1846 avec Cornelia van KLEVEN, veuve également.
En 1835, Abraham van der WELLE est recensé dans la ferme de garance (Meestoof), où il vit et travaille avec son fils Willem et son neveu Jan van der WELLE (fils de Pieter), ainsi que leurs familles.
Abraham van der WELLE meurt le 1er mai 1836. Il avait 73 ans.
NOTES
[1] Au sujet de la culture de garance, voir cet article du challenge AZ 2022 : « M is voor Meekrap » (en français).
[2] Engeltje, forme féminine du prénom masculin Engel, qui signifie ange.
[3] Il s’agit de l’Église réformée néerlandaise (Nederduitse Gereformeerde Kerk).
[4] Informations sur l'histoire de la ferme de garance van der WELLE recueillies sur le site « Zeeuwse ankers » (en néerlandais) : https://www.zeeuwseankers.nl/verhaal/een-merklap-uit-1833 [consulté le 31/10/2024].
une évasion pour moi à découvrir une autre région, la vie d'une famille avec ses joies, ses peines
Fanny-Nésida
Que de malheurs et de deuils accumulés parfois... Ca fait plaisir de voir malgré tout de belles descendances !
Ravie de lire une histoire familiale autour de la garance et d'apprendre ainsi son implantation zélandaise. Merci beaucoup.