top of page

Celui qui avait "fait les taxis de la Marne"

52 Ancêtres en 52 Semaines, Semaine 1 : Family Lore


52 Ancêtres en 52 Semaines, dans le texte original 52 Ancestors in 52 Weeks, est un challenge d'écriture généalogique proposé par Amy Johnson Crow.


La légende raconte que les boucles d’oreille offertes à ma mère par ma grand-mère paternelle ont été fabriquées à partir d’une bague trouvée par un grand-oncle, chauffeur de taxi, et qui a « fait les taxis de la Marne ». La bague, trouvée dans son taxi, est déposée aux objets trouvés. Après un an et un jour, personne ne l’ayant réclamée, l’oncle la récupère et la fait transformer en boucles d’oreilles, qu’il offre à sa nièce Louise POUJOL, mon arrière-grand-mère.

Qui était cet oncle ?

A-t-il vraiment « fait les taxis de la Marne » ?


Direction mon arbre et sa branche POUJOL.

  • Du côté de son père, Jean Pierre POUJOL, Louise a deux oncles, Antoine Jules et Casimir Arthémon — on note au passage ce joli choix de prénoms. Les registres matricules indiquent qu’Antoine Jules (né en 1863) n’a pas été appelé en 1914. Casimir Arthémon est quant à lui décédé en 1891.

  • Du côté de sa mère, Rosalie Augustine FAGES, Louise a trois oncles, Jean Louis, Jean Albert et Louis Basile. Nés en 1861 et 1863, Jean Louis et Jean Albert ne sont pas réquisitionnés pendant la Grande Guerre. Reste Louis Basile...


Arbre POUJOL. Les fratries des parents de Louis POUJOL


Louis Basile, né le 21 décembre 1869 à Séverac-le-Château (Aveyron), est le petit dernier de sa fratrie. Il a trois sœurs et deux frères — ainsi qu’une sœur qu’il n’a jamais connue, car elle n’a vécu que quelques mois.

Je retrouve Louis Basile dans le registre matricule R 8119 des Archives départementales de la Lozère, Classe 1889, matricule 738.


Louis Basile est un petit blond aux yeux bleus mesurant 1 m 60, au visage rond et sans signe particulier. Il est cultivateur et possède un degré d’instruction de niveau 3 [1].

Incorporé en novembre 1890, il est envoyé en congé en septembre 1893.

En 1895, il réside au Mas de la Louisiane, commune d’Arles (Bouches-du-Rhône) [2].

Il est ensuite successivement enregistré à Séverac, Paris, puis, à partir de 1905, à Levallois-Perret. Il habite d’abord rue du Bois-de-Seine, puis au 51, rue Danton.

C’est effectivement au 51, rue Danton qu’il est recensé en 1911 :


On y apprend que son prénom d’usage est Louis, qu’il est célibataire, et qu’il travaille comme conducteur pour le compte de « Autoplace », la Compagnie Française des Automobiles de Place.


Une Renault type AG
Une Renault Type AG 9CV de 1910 (WikiCommons)

Le registre matricule nous indique que Louis est « rappelé à l’activité par la mobilisation générale du 2 août 1914 ».

La compagnie Autoplace, où il est employé, s’illustre lors de l’épisode dit « des taxis de la Marne » [3]: les 6 et 7 septembre 1914, le général GALLIENI réquisitionne quelque 1 100 taxis parisiens pour servir de moyen de transport aux soldats jusqu’à la ligne de front.

La plupart des véhicules utilisés sont des Renault AG-1 — qui constituent la totalité de la flotte Autoplace. Ces véhicules roulaient à la vitesse folle de 25 km/h.


Louis est par la suite affecté au Train, qui coordonne la logistique militaire, le transport et l’appui au mouvement de l’Armée de terre [4].

Il est démobilisé le 30 novembre 1918 et peut rentrer chez lui – contrairement au mari de sa nièce Louise, Basile GAVALDA, dit Justin, mort pour la France en 1916 [5].


Est-ce parce que sa nièce Louise était veuve de guerre qu’il est devenu proche d’elle et de sa fille, Gabrielle (ma grand-mère paternelle, née en 1911) ?

Ou bien parce qu’ils avaient le même prénom ?

Toujours est-il que c’est bien à Louise que sont offertes les fameuses boucles d’oreilles.


Je ne sais pas ce qu’il advient de Louis FAGES après la guerre, ni quand il choisit de redescendre en Lozère. La mention marginale de son acte de naissance indique qu’il est décédé au Massegros (Lozère) le 16 novembre 1947, à l’âge de 77 ans.



 

NOTES

[1] Degré d’instruction de niveau 3 : possède une instruction primaire plus développée que le niveau 2 (sait lire et écrire).

[2] Je relève au passage que c’est dans ce même « Mas de la Louisiane » que travaillait mon ancêtre Jean-Pierre POUJOL, lors de son décès en 1892.

[3] Wikipedia : Taxis de la Marne.

[5] Voir l’article qui lui est dédié sur mon blog : Mon arrière-grand-père Poilu.

bottom of page