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Généathème mai 2022 : les métiers anciens - Gens de mer, 1e partie



Pour ma première participation au #Généathème proposé par GénéaTech, le thème des métiers rares et/ou anciens a été l'occasion de découvrir de manière plus précise les métiers des gens de mer, du côté de ma branche maternelle néerlandaise.


Dans un pays où la géographie, l’histoire et l’économie sont aussi étroitement liées à la mer et à l’eau, pas étonnant que mes ancêtres soient nombreux·ses à avoir travaillé comme pêcheur, marin ou fabriquant de mâts.

J’ai ainsi relevé 21 marins ou pêcheurs, sous différentes appellations, et dans différents sous-corps de métier.

Et j’ai également trouvé 4 ancêtres qui travaillaient à terre pour l’industrie navale.



Pêcheur et marin, les deux métiers de la mer les plus représentés dans ma généalogie


Visser, visscher : les pêcheurs


Si dans les actes il n’est pas spécifié plus précisément de quel type de pêche il s’agit, on peut toutefois affirmer, vu la transmission de l'histoire familiale et la région concernée, qu’il s’agissait de petite pêche côtière, de pêche à la crevette, par exemple.

L'île de Goeree-Overflakkee (Hollande-Méridionale), et tout particulièrement la petite ville de Stellendam, était un haut lieu de la pêche à la crevette grise. Ma mère se souvient avec délice en avoir mangé avec son Opa (grand-père). Denrée du pauvre autrefois, la crevette grise est aujourd’hui un plat servi sur les grandes tables.

Mon arrière-arrière-grand-père Abraham BRINKMAN (sosa 24, °1856 +1925), originaire de Stellendam justement, a ainsi travaillé comme « visscher », de même que ses 5 fils aînés. Son plus jeune fils, Abraham (°1890 +1962), mon arrière-grand-père, est pour sa part noté comme « schipper », marin / matelot.


Pêcheur de crevettes
Pêcheur de crevettes vers 1905, West-Vlanderen. Source : geneanet, projet Cartes postales

Schipper : les marins


C’est le métier de la mer le plus représenté dans ma généalogie maternelle : j’en dénombre ainsi 12, dont 1 femme, sous diverses dénominations : schipper, varensgezel, schippersknecht.

La mention de « knecht » (littéralement, valet) indique que la personne était placée sous les ordres du « man », de l’ « opperman » ou du « schipper ». Trois branches de ma famille maternelle ont donné des lignées de gens de mer : les BRINKMAN, les van NIMWEGEN et les van der WELLE. Ces familles sont implantées aux 18e et 19e siècles dans les petites villes côtières de Stellendam et Ooltgensplaat sur Goeree-Overflakkee, et dans la grande ville portuaire de Terneuzen (Zélande).

Ces villes côtières étaient bien évidemment pourvoyeuses d’emploi maritime.

Une femme marin: Lucretia van der WELLE (°1801 +1826)

Lucretia est une sœur cadette de Jan van der WELLE (sosa 120). Née en 1801, elle travaille d’abord comme domestique : c’est l’emploi qui est mentionné sur son acte de mariage. Elle épouse Anthoni van HARTE, marin, en 1820. Par la suite, Lucretia travaille vraisemblablement avec lui sur les bateaux : elle est notée comme « schipperin » (le mot marin au féminin) sur les actes de naissance de ses deux enfants.

Elle décède prématurément en 1826, âgée de seulement 25 ans.

Bateliers Beurtschipper
Couple de bateliers, Utrecht, vers 1905. Source : Geneanet, projet cartes postales

Des métiers maritimes très spécifiques


Beurtschipper, marktschipper : les bateliers


Jasper ROMIJN (sosa 214 °~1786 +1833) a travaillé une partie de sa vie comme « beurtschipper », pour le service de transport fluvial.

Le « beurtvaart » est un service de navigation fluviale régulier : horaires, trajets et prix sont fixés.

Le beurtvaart existe aux Pays-Bas depuis le milieu du 15e siècle.

Jusqu’en 1880, les principales caractéristiques du métier sont :

  • le principe de navigation exclusive (« uitsluitende vaart ») : pour un trajet donné, les bateliers avaient un monopole sur les passagers, le bétail et les marchandises

  • obligation de départ (« afvaart plicht » : les bateliers devaient respecter la réglementation du service fluvial

  • devoir d’exploitation (« dienstregeling ») : les bateliers devaient assurer les liaisons, même lorsqu’ils avaient moins de biens ou de personnes à transporter

  • les tarifs étaient établis par les communes.


Vers 1840, Nicolaas BEETS écrit au sujet du batelier :

"Geeft u hem een mondelinge boodschap, een open brief, een grote som gelds, een kostbaar meubel mee, geen woord zal aan de boodschap, geen stuiver aan het geld te kort komen, maar ook geen letter in de brief gelezen, geen krasje op het kostbare stuk gemaakt worden".
« Donnez lui un message oral, une lettre non cachetée, une grosse somme d’argent ou un meuble précieux : non seulement il ne manquera aucun mot au message, ni aucun sou à la bourse, mais aucun mot de la lettre ne sera lu, ni aucun accroc ne sera fait au meuble précieux. » (2)

Un service apparenté au beurtvaart est le « marktveer » : il s’agit d’un service de transport fluvial qui a lieu les jours de marché (markt).

Le fils de Jasper, Iman (°1814 +1849), a ainsi travaillé sur un marktschip.


Morts au mitan du 19e siècle, mes deux ancêtres n’auront pas connu les bouleversements que connaît la profession à partir des années 1840, du fait notamment de la concurrence du train et des bateaux à vapeur.


Veerschippersknecht : passeur de bac

Passeur de bac Pontveer
"Het Galgewater met pontveer", Jan Elias Kikkert, 1916. Source : WikiMedia-Commons

J’ai également un lointain grand-oncle qui a travaillé sur un bac à Ooltgensplaat : Gerrit van NIMWEGEN (°1795).


A suivre : Mes ancêtres gens de mer, mais à terre !
 

NOTES

(1) pour plus d'informations, voir l'article de Wikipedia (en néerlandais) : https://nl.wikipedia.org/wiki/Beurtvaart

(2) Nicolas BEERTS, écrivain, poète, prédicateur et théologien néerlandais (°1814 +1903)

Extrait de De Nederlanden,Karaklerschetsen, Kleederdragten, Houding & Voorkomen van verschillende standen, Den Haag zj.

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