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Ceux qui espéraient une vie meilleure (2e partie)

52 Ancêtres en 52 Semaines, Semaine 6 : Gagner sa vie


52 Ancêtres en 52 Semaines, dans le texte original 52 Ancestors in 52 Weeks, est un challenge d'écriture généalogique proposé par Amy Johnson Crow.


Après avoir présenté certaines caractéristiques de l’émigration néerlandaise aux États-Unis au cours du 19e siècle – caractéristiques que je retrouve dans les données recueillies au cours de mes recherches généalogiques –, je vais présenter une série de portraits de ces « cousins » qui ont quitté l'île de Goeree-Overflakkee (Hollande-Méridionale) pour émigrer aux États-Unis.



Les cousins du MICHIGAN

 

Robert P. Swieringa écrit : « Il y a plus d’une douzaine de villes aux USA appelées Holland, Hollandale et Hollandtown. Mais Holland, Michigan, se distingue en ce qu’elle est la capitale néerlandaise de l’Amérique. C’est dans l’ouest du Michigan que les immigrants néerlandais se sont installés au 19e siècle, plus que dans n’importe quel autre endroit. Et ils ont assis leur présence en se regroupant dans des quartiers urbains et des villages ruraux à travers cette région regroupant cinq comtés, bornée par Holland, Muskegon, Grand Rapids, et Kalamazoo.[1] »



C’est justement à Holland qu’arrive Mattheus WITVLIET, dans le courant de l’année 1849.

Holland, cette colonie sur les rives du lac Michigan (en face de Chicago), fondée par Albertus Christiaan van RAALTE[2] en 1847.



Les origines


Mattheus WITVLIET (°1801 +1883) est le 11e et dernier enfant de mes ancêtres à la 8e génération, Aren WITVLIET (°~1751 +1833) et Pieternella de MUNNICK (°1752 +1847) – et le frère de mon aïeule Laurijntje WITVLIET (°1800 +1873).


Ascendance de Mattheus WITVLIET
Arbre d'ascendance de Mattheus WITVLIET. Généatique, 2024

La famille habite dans le petit village de Stellendam, situé à la jonction des deux îles de Goeree et Overflakkee – îles qui, après assèchement successifs de polders, n’en forment aujourd’hui plus qu’une. Les hommes sont généralement travailleurs journaliers, les femmes domestiques – au moins jusqu’à leur mariage.


Mattheus épouse en 1822 Aartje HOLLAAR (°1801 +1827), avec qui il a trois fils. Aartje meurt très jeune, à 26 ans. Mattheus reste seul avec ses deux fils survivants, Aren et Krijn.


En 1830, Mattheus épouse en secondes noces Elisabeth SANDIFORT (°1801 +~1851/1859), âgée comme lui de 28 ans. Sur leur acte de mariage, les époux sont indiqués « arbeider » et « arbeidster », travailleurs [journaliers]. Le mariage est célébré en présence de la famille et des amis, notamment Jan LOKKER (beau-frère de Mattheus) et Cornelis HOEKMAN, qui seront tous deux présents lors des déclarations de naissance de leurs enfants. Et des naissances, il y en aura : six entre 1830 et 1844, quatre fils et deux filles.


Descendance de Mattheus WITVLIET.
Descendance de Mattheus WITVLIET. Généatique, 2024.


En 1844 puis en 1848, Mattheus enterre les deux fils de son premier mariage. Ils avaient respectivement 18 et 25 ans lors de leur décès.



Le choix de l'émigration


Mattheus aspire à une vie meilleure : le travail est rare, les récoltes ont été mauvaises ces dernières années.

C’est ainsi qu’en 1849, il part pour les États-Unis, avec sa femme Elisabeth, leurs six enfants, et son neveu, Mattheus WITVLIET Corneliszoon[3] – un des 11 enfants de son frère Cornelis. Mattheus Corneliszoon est célibataire, âgé de 26 ans, et, comme son oncle, travailleur journalier.


Est-ce des articles comme ceux parus dans le Zierikzeesche Nieuwsbode ou le Goessche Courant qui l’ont convaincu de choisir comme destination le Michigan ?


[Du Goessche Courant, janvier 1848] « Dans la colonie hollandaise de l'État du Michigan, en Amérique du Nord, selon les écrits du pasteur van Raalte, les affaires se déroulent très favorablement. La scierie qu'il a fondée a rapporté plus que le double, et il avait l'intention d'y ajouter une fabrique d’amidon. Des syndromes du mal de débarquement (landziekte) ont sévi dans la colonie, mais ils ont diminué fortement. Il avait déjà autour de lui 1700 personnes. »
[Du Zierikseesche Nieuwsbode, janvier 1848] « Nous citons la lettre d'un émigrant de notre région, écrite depuis la Kolonie hollandaise dans l'État du Michigan : Le rédacteur de la lettre est arrivé le 5 mai à la Kolonie, après avoir passé 10 semaines à Saint Louis avec sa famille et y avoir bien gagné de l'argent. Il y a acheté 40 acres de terre à 2 dollars l'acre et y a construit une maison en rondins. C'est de la bonne terre, moitié argile et moitié sable. À ceux qui veulent venir et qui savent fabriquer des sabots, le rédacteur de la lettre conseille d'apporter leurs outils, car ils manquent là-bas, les Américains ne portant pas de sabots. Mais dans la Kolonie chez les Hollanders, c'est une bonne affaire, car une paire de sabots coûte deux schellings [sic] et le bois n'est pas cher du tout. Les tilleuls poussent par milliers dans la forêt. Cependant, il ne faut pas apporter de haches des Pays-Bas, car elles sont trop faibles pour le bois dur américain. »

Refaire sa vie aux États-Unis


Lors du recensement de 1850, Mattheus est enregistré à Holland avec sa femme et ses quatre fils, et la valeur de ses biens meubles est estimée à 230 $. Holland compte alors 1829 habitants.


Une ferme de Hollanders
Une ferme de Hollanders, Wisconsin, 1855. Source : WikiMedias

En 1860, Matthew, de son nom américain, est désormais veuf, et établi à Zeeland Township[4], à quelque 8 kilomètres de Holland.

Il est fermier et sa propriété est estimée à 1000 $ et ses biens meubles à 300 $. Il vit avec sa fille Maria, qui tient la maison, et ses fils Cornelius et Krijn, qui l’aident sur l’exploitation.

Son fils aîné, Pieter, habite à côté avec son épouse Emily. Emily est elle aussi née aux Pays-Bas. Pieter est fermier également ; sa propriété est estimée à 350 $.



Le moulin de Holland, Michigan
Le moulin de Holland, Michigan. Source : WikiMedias

Matthew se remarie une troisième fois en 1863, avec Johanna HOEGEN, habitante de Groningen, dans le même comté. Johanna est elle aussi née aux Pays-Bas, il pourrait s'agir de Johanna HOEGEN, née en 1805 à Apeldoorn (province de Gueldre).

Je retrouve Matthew une dernière fois, à Holland, dans le recensement de 1880. Il est alors âgé de 79 ans, et son grand âge le handicape. Il meurt en 1883.



 

NOTES

[1] Swieringa, Robert P. « The Dutch Imprint in West Michigan », papier présenté au Century Club of Holland, Holland, Michigan, 2005.

[2] Albertus Christiaan van RAALTE (°1811 +1876), pasteur de l’Église Réformée, rejoint la Séparation de 1834 (Afscheiding van 1834). Entre la répression que subissent les adeptes de ces Églises reréformées chrétiennes (en néerlandais : Christelijke Gereformeerde Kerken) et la famine de la pomme de terre des années 1840, il décide de partir pour les États-Unis. Il fonde Holland, comté d’Ottawa, État du Michigan, en 1847. En 1848 et 1849, de nombreux émigrés le rejoignent.

[3] Je rajoute le patronyme au nom de famille pour distinguer l’oncle du neveu. C’était d’ailleurs l’usage aux Pays-Bas. Ainsi, l’oncle est Mattheus WITVLIET Arenszoon, fils d’Aren.

[4] Zeeland est aussi fondée en 1847, par Jan van de LUIJSTER, un riche propriétaire qui s’exile pour des raisons religieuses. En 1847, 457 habitants. En 1860, 1480.



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