Marie FABRE (°1864 +1902)
Branche POUJOL, 5e génération
Mon Challenge AZ 2024 a pour thème la mortalité maternelle au XIXe siècle dans mon arbre.
Un article d'introduction, 24 portraits de femmes mortes d'avoir donné la vie, et une infographie sont au programme.
Après avoir passé la plus grande partie du mois de novembre en Hollande, et presque exclusivement sur l’île de Goeree-Overflakkee, nous voici de retour en France, pour le dernier portait de ce challenge.
Carte géologique et minéralogique du département de l'Aveyron / dressée par M. Ad. Boisse (1861)
L'enfance de Marie
Aveyron, commune de Séverac (anciennement Séverac-le-Château, aujourd’hui Séverac-d’Aveyron), lieu-dit Novis.
C'est dans ce petit hameau situé sur les Grands Causses que Marie FABRE voit le jour le 26 avril 1864.
Ses parents, François FABRE et Marie Jeanne BALDAOUI, sont alors âgé·es de 41 et 32 ans.
Marie a au moins 2 frères aînés, Jean (°1858) et Augustin (°1862) – et peut-être d’autres encore, plus âgés, ses parents s’étant mariés en 1848.
Sa mère avait 16 ans lorsqu’elle épouse François : orpheline de mère très jeune, elle avait perdu son père l’année précédente. François, avec sa situation de cultivateur, lui offrait sécurité et couvert.
Marie a également au moins 3 frères plus jeunes – Joseph (°1869), Louis (°1872) et Albert (°1873).
Les recensements, conservés seulement à partir de 1876, posent quelques questions :
Ainsi, en 1876, seuls Joseph et Louis sont recensés avec leurs parents. Marie, 12 ans, et le petit Albert, 3 ans, n’y figurent pas. Vivaient-i·els chez des grands-parents, des oncles et tantes ? Étaient-ils placés en nourrice ?
En 1881, en revanche, nous retrouvons bien, au domicile des parents, Marie, ainsi que ses deux grands frères, Jean et Justin. Pas de trace des plus jeunes de la fratrie…
En 1886, voici que réapparaît Albert. Marie ne réside plus chez ses parents, non plus que ses frères aînés. En revanche, l’agent de recensement a noté un petit Eugène, âgé de 1 an, indiqué comme étant le fils de François FABRE et Marie BALDOUY – celle-ci étant âgée de 53 ans lors de la naissance d’Eugène, je suis allée chercher son acte de naissance :
Ainsi, Marie FABRE, le 19 avril 1885, a accouché d’un petit garçon, né de père inconnu.
Premier mariage
Dix-huit mois plus tard, le 1er décembre 1886, elle épouse Casimir Arthémon POUJOL. Visiblement, ce dernier n’est pas le père d’Eugène, et ne l’accepte pas dans son foyer : Eugène reste habiter chez ses grands-parents, où il est recensé entre 1886 et 1896.
Casimir Arthémon POUJOL, né au Massegros (Lozère) est un des petits-frères de mon arrière-arrière-grand-père Jean Pierre POUJOL (°1814 +1892).
Les POUJOL sont agriculteurs sur le causse depuis trois générations. Je dis « sur le causse » et pas « à Séverac » ou « au Massegros », car, si ces deux communes – et leurs nombreux lieux-dits – appartiennent à deux départements différents, l’Aveyron d’un côté, la Lozère de l’autre, le causse forme un bassin de vie qui ne s’embarrasse pas des frontières administratives – ce qui m’aura parfois donné du fil à retordre lors de mes recherches.
Marie FABRE a elle aussi vécu au Massegros, puisqu’au moins deux de ses jeunes frères y sont nés, au tournant des années 1870.
Mais revenons à Casimir Arthémon. Né en 1866, il est de deux ans plus jeune que Marie, et le 4e enfant d’une adelphie qui en compte 5 : Jean Pierre, l’aîné ; Antoine Jules ; Marie Émilie Palmire ; notre Casimir Arthémon ; et la petite dernière, Léonie Rosalie. Notez au passage la poésie de certains prénoms désuets et rares !
Si Casimir est jugé bon pour l’armée, il est dispensé de service, car ayant un frère sous les drapeaux. Sa fiche matricule nous apprend qu’il mesure 1 mètre 70, qu’il a des cheveux bruns et des yeux gris, un degré d’instruction de 2 (sait lire et écrire).
Casimir et Marie ont déjà deux filles – Marie Lucie (°1887) et Marie Gabrielle (°1889) –, lorsqu’i·els décident de quitter leur causse natal pour descendre plus au sud, à Béziers. La fiche matricule indique que la famille y réside à compter du 14 mars 1991.
Cette migration s'inscrit dans un large mouvement familial vers le sud-est :
son frère Antoine Jules fait étape à Béziers pendant un an en 1888-1889, avant de poursuivre vers Arles ;
son père Jean Pierre décède à Arles en 1892 ;
sa sœur Léonie Rosalie fait sa vie à Marseille, où elle se marie en 1894.
La nouvelle vie à Béziers n’apportera pas les promesses attendues : Casimir mort à l’Hôtel-Dieu, le 29 septembre 1891.
Marie fait alors le choix de rentrer au Massegros, avec deux jeunes enfants et un troisième à naître : Julia Maria naît le 10 février 1892 au Massegros.
Marie accouche dans la maison de son beau-père, Jean Pierre POUJOL ; c’est son père, François FABRE, qui déclare la naissance.
Veuve à 27 ans, mère de trois jeunes enfants, Marie vit certainement grâce à l’entraide familiale. Les familles POUJOL et FABRE étaient semble-t-il très proches, et je ne doute pas que mon arrière-grand-mère, mémé Louise (°1888), et sa petite sœur, la tante Berthe (°1890), aient été compagnes de jeu des filles de Marie.
Second mariage
Le 1er mai 1894, Marie épouse en secondes noces Jean Antoine BAZALGETTE, originaire de Saint-Rome-de-Dolan, à 6 kilomètres de là, et lui aussi cultivateur.
La famille s’établit au Massegros. Malheureusement, les archives municipales ayant brûlé lors d’un incendie, les recensements sont perdus. Mais peut-être Marie a-t-elle enfin pu prendre son fils aîné avec elle, puisque je ne retrouve plus Eugène dans les recensements de Séverac après 1896.
Marie et Jean Antoine ont un enfant tous les deux ans :
François Marcel Jean, en février 1895 ;
Marin Léon Louis en mai 1897 ;
Augusta Léa Maria en mai 1899.
De cultivateur, Jean Antoine BAZALGETTE devient maçon.
Le 22 avril 1902, tout bascule pour la famille : à quatre heures du matin, Marie met au monde un enfant de sexe féminin, « sorti mort du sein de sa mère ». Marie ne survit pas à l’accouchement : elle meurt à quatre heures du soir, ce même jour. Elle était âgée de 37 ans.
Ses enfants sont alors âgé·es de 3 à 17 ans.
Les enfants de Marie
En ce début de XXe siècle, passé le choc de la mort de Marie, la vie suit son cours.
Marie Lucie POUJOL, la fille aînée, épouse en 1909 un cultivateur du Recoux, village voisin : Léon Marius LIBOUREL.
Marie Gabrielle POUJOL, la cadette, épouse Louis Joseph LAVABRE, cultivateur également, en 1912. Le couple s'installe à Mostuéjouls, d'où est originaire Louis.
Je perds la trace de Julia Maria POUJOL.
En août 1914, coup de tonnerre : c'est la mobilisation générale, les hommes sont appelés en masse sur le front. Les fils de Marie, malgré leur jeune âge, n'échappe pas à l'incorporation :
François BAZALGETTE est incorporé le 20 décembre 1914 ; il a 19 ans. Il meurt le 6 juin 1916 à Mort-Homme, pendant la bataille de Verdun, boucherie qui coûtera la vie à 715 000 soldats, Français et Allemands – dont mon arrière-grand-père, Basile « Justin » GAVALDA [1].
Léon BAZALGETTE est incorporé à compter du 10 janvier 1916 ; il a 18 ans. Il est fait prisonnier le 25 juillet 1918 et rapatrié en janvier 1919. Après la guerre, il entre comme chauffeur dans la Compagnie du Midi et s'établit dans le Cantal, où il épouse en 1922 Antonia CHAULIAC.
Augusta BAZALGETTE épouse en 1922 Justin BOURREL, cultivateur à Séverac-le-Château.
D'après le détail d'une broderie de 1770 conservée au Rijksmuseum
NOTES
[1] Je lui ai consacré un article : « Mon arrière-grand-père Poilu : Basile Justin GAVALDA ».
En comparant cet article avec les précédents, on se rend compte à quel point les sources sont différentes entre les deux pays, tout en étant similaires.