Branche RAAP, mes ancêtres à la 6e génération (sosas 52 et 53)
Deuxième partie

Le thème de la semaine 5 du challenge #52Ancêtres52Semaines est « Challenge », « Défi ».
Ma famille m'a demandé plus d'informations sur nos ancêtres émigrés aux États-Unis, et j'ai avec plaisir relevé ce défi !
Cet article fait suite à « Au commencement ».
Cornelis RAAP et Lena van den BROEK, dont nous avons fait connaissance dans mon précédent article, se sont mariés le vendredi 4 juin 1858 à l'hôtel de ville de Den Bommel.
Neuf mois plus tard, ils accueillent leur premier enfant : Jacob RAAP, mon ancêtre – prénommé ainsi en l’honneur de son grand-père maternel.
Lena a visiblement travaillé jusqu'à l'accouchement : elle est notée « travailleuse » (arbeidster) sur l'acte de naissance.
Après Jacob viendront ensuite :
Maatje, née le 6 décembre 1861 (décédée le 23 janvier 1862) ;
Jan, né le 7 octobre 1863 ;
Maatje, née le 29 septembre 1866 (décédée le18 janvier 1867) ;
Maatje, née le 14 décembre 1868 ;
Jannetje, née le 29 mars 1872 ;
et finalement Aren, né le 31 janvier 1877. Lena est alors âgée de 42 ans. Particularité : Cornelis RAAP signe l'acte de naissance de son septième enfant – c'est un des seuls actes qu'il signe, déclarant ne pas avoir appris à écrire lors des autres occasions.
Excepté en 1861, Lena van den BROEK est indiquée comme « travailleuse » sur tous les actes de naissance de ses enfants.
La famille habite sur Westdijk (« la digue de l'ouest ») – aujourd'hui Molendijk (« la digue du moulin »).
Le moulin De Bommelaer (construit en 1735), qui donne son nom actuel à la digue de l'ouest (Westdijk)
(Sources : WikiMedias, Généanet)
Un pas de côté :
Geertrui van den BROEK, la sœur de Lena
En 1861, Lena van den BROEK marie sa sœur cadette, Geertrui. Cette dernière épouse Jan van PUTTEN, originaire de Ooltgensplaat – village où Geertrui s'est installée en 1858, trouvant une place de domestique [1].
Jan van PUTTEN est fermier (landbouwer), âgé de 50 ans, et veuf en premières noces de Lena VERSCHUUR. Il lui reste un fils de ce premier mariage, Simon – les deux autres enfants sont morts en bas âge et Lena est décédée des suites de son troisième accouchement.
Jan van PUTTEN et Geertrui van den BROEK auront trois enfants entre 1863 et 1866 – dont deux vivront.
En 1867, poussé par la pauvreté, Jan van PUTTEN fait le choix de l’émigration : la famille quitte la Hollande au cours de l’été 1867.
Le registre des départs indique que Jan est à cette époque boutiquier (winkelier), qu’il fait partie des nécessiteux (behoeftig), qu’il part pour améliorer sa condition d’existence (tot verbetering van bestaan) et que sa destination est Paterson (New Jersey). La liste mentionne qu’il est accompagné de sa femme et de ses trois enfants.
En haut : registre de population de Ooltgensplaat. Page de la famille van PUTTEN - van den BROEK.
En bas : liste des émigrants au départ de Hollande-Méridionale pour l'année 1867.
Source : FamilySearch
Jan van PUTTEN et Geertrui van den BROEK partent en même temps que Jan GORDON, sa femme et son jeune fils. Les deux familles se rendent dans le New Jersey. Certainement y ont-elles des connaissances, qui leur ont fait miroiter une vie meilleure que sur cette île désolée qu'est Goeree-Overflakke et qui ne leur offre aucune perspective.
Les autres familles au départ de Ooltgensplaat cette année-là se rendent majoritairement dans le Michigan (Detroit et Drenthe), un autre haut lieu d'implantation des Hollandais au XIXe siècle [2].
Les deux sœurs restent certainement en contact, se faisant passer des nouvelles par des connaissances communes, qui pouvaient écrire et lire pour elles les histoires du quotidien de part et d'autre de l'Atlantique.
Nul doute que les lettres reçues des États-Unis ont donné à Cornelis et Lena l'envie de, à leur tour, tenter leur chance de l'autre côté de l'océan.
Survivre sur Overflakkee : rester ou partir ?
Pendant encore vingt ans après le départ de Geertrui van den BROEK et sa famille, Cornelis RAAP et Lena van den BROEK continuent de survivre, tant bien que mal, à Den Bommel.
Jacob RAAP : rester
En 1882, leur fils aîné, mon ancêtre Jacob, trouve une place de valet de ferme (bouwknecht) à Middelharnis, la « capitale » de l'île.
Les contrats sont de un an : il part en novembre 1882 et rentre à Den Bommel en décembre 1883.
En 1886, Jacob épouse Angenietje BAKKER. Les époux sont âgés de 27 et 26 ans. Jacob est valet de ferme.
Lena van den BROEK signe l’acte de mariage de son fils :
Le jeune couple s’installe sur Oostdijk ; Cornelis et Lena habitent toujours sur Westdijk (Molendijk) avec leur quatre autres enfants.

Cornelis et Lena voient avec joie la naissance de leur premier petit-enfant, Lena, mon ancêtre, née le 9 décembre 1887 :
Mais leur décision est sans doute déjà prise depuis quelques temps : ils partiront, au printemps suivant, rejoindre leur fils cadet aux États-Unis...
Jan RAAP : partir
En effet, le 7 novembre 1887, le frère de Jacob, Jan, a fait le choix de l’émigration. Il est âgé de 24 ans et part en compagnie de Johannes KORNET, âgé de 28 ans.
Les deux jeunes Flakkeers [3] débarquent avec 483 autres passagers dans le port de New York le 3 novembre 1887, à bord du Noordland en provenance d’Anvers. Le navire, appartenant à la compagnie Red Star Line, fait régulièrement la trajet entre Anvers et l'Amérique du Nord.
Affiche de la compagnie Red Star Line, par Henri Cassiers (ca. 1889). Source : WikiMedias
Navire Noordland, de la compagnie Red Star Line. Source : Library of Congress (CC BY-NC-ND 4.0)
Rendez-vous la semaine prochaine pour connaître la suite de la vie de Cornelis RAAP et Lena van den BROEK !
NOTES
[1] J'ai parlé plus avant des domestiques dans l'article « Si la pluie te mouille » de mon Challenge AZ 2024.
[2] J'ai consacré deux articles à l'implantation de cousins éloignés dans le Michigan, dans mes articles « Ceux qui rêvaient d'une vie meilleure », partie 1 et partie 2.
[3] Flakkeers, c'est ainsi que les immigrés en provenance de Goeree-Overflakke sont appelés, aux États-Unis. La provenance géographique est importante, pour ces groupes qui arrivent par le bouche-à-oreille, et rejoignent des noyaux urbains où vivent des connaissances du « Vieux Pays ».
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