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Les descendants de Cornelis RAAP et Lena van den BROEK

Branche RAAP, 5e génération


Le thème de la semaine 10 du challenge #52Ancêtres52Semaines est « Siblings », « Adelphie ».

L'occasion pour moi de parler ici des descendants de mes ancêtres Cornelis RAAP et Lena van den BROEK, émigrés aux États-Unis en 1888.

Cet article fait suite à « Au commencement », « Défi » et « Migration ».


Arbre de Cornelis RAAP et Lena van den BROEK
Arbre de Cornelis RAAP et Lena van den BROEK. Généatique, 2025

Lorsque Cornelis RAAP, Lena van den BROEK et leurs enfants quittent l'île de Goeree-Overflakkee en 1888, ils laissent derrière eux les frères et sœurs de Cornelis, ainsi que leur fils aîné Jacob, sa femme Angenietje et leur petite fille Lena, mon arrière-grand-mère maternelle.

Y a-t-il eu un échange de souvenirs avant le grand départ ? Rien n'est moins sûr : il n'y avait à l'époque pas de photographe sur l'île [1] et, de toute façon, la photographie était réservée aux plus aisés. En outre, il est probable que Jacob ait dans un premier temps envisagé de rejoindre sa famille, une fois que celle-ci serait bien installée outre-Atlantique : ce 5 juillet 1888, il s'agissait peut-être d'un au revoir, et non d'un adieu.

Je me plais toutefois à imaginer que Lena van den BROEK emporta avec elle une boucle de cheveux de sa petite-fille, qui portait son prénom...


À notre connaissance, les familles ne se revirent plus, mais des lettres furent échangées, vraisemblablement jusqu'à la deuxième génération, celle de mes grands-parents. En effet, mon oncle se souvient de « lettres des cousins d'Amérique », et ma mère croit se souvenir d'une robe de poupée cousue dans un coupon de tissu envoyé par les cousins d'Amérique.

Ne restent que ces bribes de mémoire, sans éléments matériels pour nous les rendre plus tangibles.


Jacob, mon ancêtre, choisit finalement de rester sur l'île – il est possible qu'au fil des mois, les nouvelles d'Amérique se firent moins enthousiasmantes, et que les difficultés rencontrées par sa famille dans son nouvel environnement le dissuadèrent de prendre un billet pour l'Amérique.


Peut-être que son pères Cornelis RAAP aurait pu lui écrire :

Lettre de Watze Pruiksma
Extrait d'une lettre de Watze PRUIKSMA à ses enfants, envoyée de Paterson et datée du 22 novembre 1895 (Dutch Immigrant Letters Project, université de Calvin)
J'ai pris le café, accompagné d'un gâteau et d'une eau-de-vie, chez un voisin. Il vient lui aussi de Flakkee. On s'est dit : « Faisons comme si nous étions sur Flakkee. » Ici bien sûr, on parle tous les jours de la patrie. On ne l'oubliera jamais. Et si les gens gagnaient bien leur vie, alors beaucoup rentreraient. Mais c'est quasiment impossible. Ici, tu n'as pas de souci à te faire si tu es en bonne santé et si tu as du travail. Alors, tu es aussi bien portant que le plus riche des fermiers hollandais. Je te le dis : aucun souci. Enfin, il y en a, mais ce ne sont pas les mêmes que chez toi. L'Amérique est un bon pays pour tout le monde, mais tout le monde n'est pas fait pour l'Amérique.


Les enfants de Cornelis et Lena


En Hollande, mon ancêtre Jacob RAAP travaillera toute sa vie comme ouvrier agricole (selon les actes, il apparaît comme veldarbeider ou bouwknecht).

Après la naissance de leur fille Lena, Jacob et Angenietje ont un petit Leendert Cornelis (°1889), qui ne vit que 9 mois. Onze ans plus tard, la famille s'agrandit avec la naissance d'un second Leendert Cornelis (°1900).

Descendance de Cornelis et Lena
Arbre de descendance de Cornelis RAAP et Lena van den BROEK. À gauche, la famille de leur fils aîné, mon ancêtre Jacob, resté sur l'île de Goeree-Overflakkee. Au centre, la famille de Maatje RAAP. Généatique, 2025
Descendance de Cornelis et Lena.
Arbre de descendance de Cornelis RAAP et Lena van den BROEK. Au centre, la famille de Jannetje RAAP. À droite, la famille de Aren RAAP. Généatique, 2025

De l'autre côté de l'Atlantique, la famille s'agrandit également. Les hommes vont de petits boulots en petits boulots, et les États-Unis ne sont visiblement pas l'Eldorado espéré :

  • Maatje « Maggie » RAAP épouse en 1893 Frank van der WEIDE. Né en 1868 à Middelharnis, la capitale de Goeree-Overflakkee, il arrive aux États-Unis en 1891, avec ses parents et ses quatre frères et sœurs.

Lors du recensement de 1900, « Maggie » et « Frank » vivent au 300, Jefferson Street à Paterson City. Frank est travailleur journalier (day laborer), au chômage depuis 6 mois lors de l'enregistrement. Le couple a deux enfants vivants : Cornelius (3 ans) et Lena (1 an).

Deux autres enfants (au moins) suivront : Jennie (née en 1901) et John (né en 1910).

Veuve en 1918, Maatje RAAP-van der WEIDE a la chance d'être propriétaire de son logement et de le rester toute sa vie.


  • Le recensement de 1900 indique que, quelques maisons plus loin, au n°304, vit Jannetje « Jennie » RAAP, avec son mari John de BOER, né en 1862 à Texel (île de Hollande-Septentrionale) et arrivé aux États-Unis en 1890.

Comme son beau-frère Frank, John est travailleur journalier, puis au gré des opportunités, il travaillera comme ouvrier, le plus souvent dans le textile.

En 1900, le couple, marié depuis 7 ans, a déjà quatre enfants : Albert (°1894), Lena (°1896), Trina (°1898) et Cornelius (°1900). Six autres suivront : Arentina (°1903), Jacob (°1905), Henry et Margaret (°1908), Dorothy (°1909) et Aaron (1912).

Recensement de Paterson, 1900.
Recensement de Paterson en 1900. Les familles de Maggie et Jennie RAAP vivent sur Jefferson Street. Source : FamilySearch

Vue des actuels n°300 à 304 de Jefferson Street, Paterson (Google Maps)



  • En 1900, les fils de Cornelis RAAP et Lena van den BROEK, Jan « John » (alors âgé de 37 ans) et Aren « Harvey » (23 ans), célibataires, vivent avec leurs parents. Tous deux travaillent dans les usines textiles : John comme ouvrier teinturier, Harvey comme tisseur de soie.

Recensement de Paterson, 1900
Recensement de Paterson, 1900. John et Harvey vivent avec leurs parents sur North 11th Street. Source : FamilySearch
  • John RAAP travaillera toute sa vie comme ouvrier, tantôt en teinturerie (1910, 1930), tantôt dans une usine de soie (1920). Il accède brièvement à la propriété autour des années 1920 – est-ce que la crise de 1929 qui le contraindra à vendre sa maison ? Il se marie sur le tard avec Beertje KINGSMA, originaire de Frise. Le couple n'aura pas d'enfants.


  • Harvey RAAP se marie au début du XXe siècle avec Alberdina RAAP (je ne connais pas son nom de jeune fille). Le couple a une petite fille, Lena, née en 1908. Harvey meurt prématurément en 1909.

    Lena RAAP est ainsi la seule porteuse du nom RAAP de sa génération, aux États-Unis.




Épilogue : Revoir les Pays-Bas


En cherchant le nom RAAP dans le journal de Goeree-Overflakke, Eilanden Nieuws, je suis tombée sur cet entrefilet, paru dans le numéro du 26 avril 1919 :

Article de journal
J[an] RAAP, 77 ans, qui vient de passer quelques années dans cette commune [Ooltgensplaat] chez sa famille, a entrepris vendredi dernier le voyage retour vers l'Amérique, à bord du paquebot Nieuw Amsterdam.

Jan « John » RAAP, 50 ans après avoir émigré aux États-Unis, est ainsi venu passer dix-huit mois chez son frère Jacob, après le décès de son épouse.


Liste de passagers
Liste des passagers arrivés à Rotterdam le 6 novembre 1937, à bord du Volendam en provenance de New-York. Source : StadsArchief Rotterdam.

Il était arrivé début novembre 1937 à Rotterdam, trop tard pour être présent au mariage de mes grands-parents. Mais il est resté suffisamment longtemps pour faire la connaissance de mon oncle, né en septembre 1938.

Photo de gauche : mon ancêtre Jacob RAAP. Malgré un visage plutôt austère, c'était quelqu'un de très doux. Très croyant (comme la plupart des habitants de l'île), il fut une source d'inspiration pour mon grand-père Abraham BRINKMAN, qui deviendra pasteur.

Photo de droite : la fille de Jacob RAAP, Lena RAAP, tient dans ses bras son premier petit-enfant, mon oncle Bram BRINKMAN. Né en septembre 1938, il est le troisième Abraham BRINKMAN de la lignée : son grand-père Abraham BRINKMAN se tient à gauche, et son père Abraham Jacob BRINKMAN (mon grand-père) se tient à droite.

(Collection personnelle)




Merci pour votre intérêt pour mon travail de recherche et d'écriture concernant ce couple d'ancêtres dont le destin m'a fascinée.

Si j'avais déjà pas mal d'éléments lorsque je me suis lancée dans la rédaction de cette série d'articles, j'ai continué d'explorer les archives et bases de données tout au long de ces cinq semaines, ce qui m'a permis de nouvelles découvertes, souvent très émouvantes – notamment le dossier de naturalisation de Cornelis RAAP, en 1896, et le retour de Jacob RAAP dans sa famille en Hollande en 1837-1839, 50 ans après avoir émigré.

 

NOTES


[1] Il faut attendre 1898 pour pouvoir se faire photographier sur l'île, à Middleharnis, chez van der PLAAT.


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